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Inès WARIS, diplômée en 2014

 


 

Comment te définis tu en tant que designer ? Quelle est ta démarche ? Quelles finalités vises-tu ?


Je suis designer produit et céramiste. Mes études et mes expériences professionnelles m’ont permis de définir mon propre métier sans rentrer dans une case. Ma volonté a toujours été d’obtenir des compétences globales, pouvoir gérer un projet du dessin jusqu’à la réalisation du produit.
Aujourd’hui ma démarche est assez simple, quand j’ai une idée, il faut que je la mette en volume, en maquette ou en prototype. Je développe mes propres collections en auto-edition, et je réalise beaucoup de sur-mesure pour des clients particuliers ou des projets professionnels. Avec mon frère architecte, je collabore également sur des projets d’aménagement. Pour y répondre, la démarche s'approfondit plus encore, des rendus sont indispensables pour faire comprendre le projet, grâce au dessin et à la 3D pour réaliser les plans, puis en réalisant plusieurs prototypes. Mais chaque projet est différent, et j’utilise les outils et mes connaissances intuitivement selon la demande. Mes inspirations sont issues souvent de la nature, ou une forme, un détail technique peuvent me faire envisager un objet. Mon métier n’est pas simplement celui de designer mais aussi celui de céramiste, grâce à cela mon imagination est plus libre : un art spontané réalisable grâce aux connaissances précises d’un savoir-faire. J'ai choisi un artisanat pour le pousser à son extrême et ainsi obtenir des connaissances suffisantes techniquement afin d’être libérée dans la création.
Le plus beau, c’est que les métiers de designer et de céramiste sont des métiers aux connaissances inépuisables : je sais que je ne cesserai jamais d’apprendre tout au long de ma vie, c’est pour cela que j’ai choisi cette voie.

 

Que retiens-tu de ta formation en DSAA (plus ou moins sérieusement) ?
Que t'a apporté le DSAA au LAAB ?


Dans mon souvenir, le DSAA était dur, beaucoup de remise en question sur mon métier, sur la hiérarchisation de ma pensée et sur le travail manuel. C’est pour moi un bond en avant considérable, une prise de conscience sur le potentiel que j’avais et sur la manière de définir quel designer je voudrais être. Contrairement aux autres écoles, le DSAA de Rennes ne thermoforme pas ses élèves, ce sont des pièces uniques qui sont travaillés à bras le corps. Oui on va vous pousser dans votre retranchement, oui on va bousculer vos pensées, oui on va sans cesse vous remettre en question, car c’est à vous de vous définir ! Et oui ce que j’ai écrit dans mon mémoire de DSAA est le projet que je continue de dessiner avec mon frère aujourd’hui. Ce projet s’est affiné, il s’est enrichi de connaissances, de personnes, de rencontres avec les années mais l’essence et la structure ont été écrites en DSAA.
Sinon je retiens ces belles expériences auprès des artisans en DSAA, qui m’ont poussé à continuer de me former et à vouloir acquérir un savoir-faire, à me permettre de penser la faisabilité de mes créations pour être une meilleure designer. Je retiens les blagues de Max, qui nous poussaient à bout pour trouver la solution par nous-même, je me souviens des challenges lancés par Émilie et Émeline pour structurer nos pensées et essayer, tester, comprendre, réessayer et trouver les solutions.

 

Quel est ton parcours depuis ta sortie du DSAA au LAAB ?

Après le DSAA, j’ai réalisé le Master 2 en Stratégie du Design à l’ENSAAMA, les premiers 6 mois nous étions mélangés entre designers produit, architectes, designers d’espace et graphiste. L’idée était de répondre à des projets des grandes entreprises du Comité Colbert qui prônent un savoir-faire français. Nous avons eu la chance de travailler avec de belles entreprises ce qui a renforcé mon intérêt du travail fait main et de sa valorisation. Les 6 mois restants, j’ai effectué un stage au Studio Constance Guisset à Paris. J’ai travaillé et appris avec Constance pendant encore 4 ans, j’étais designer et prototypiste. J’ai affiné alors mes connaissances en 3D et en prototypage, j’ai appris de nouvelles connaissances en architecture et en scénographie. En parallèle, j’ai continué à me former au métier de céramiste dans un centre professionnel. Puis les derniers mois, je travaillais à mi-temps pour pouvoir construire ma propre entreprise avec mon frère Pierre-Louis Waris architecte. Depuis juin 2020, nous sommes installés dans nos ateliers qui offrent un espace de coworking pour de jeunes entrepreneurs.

 

Quel plaisir/fierté tires-tu de ta pratique de design actuelle (ou en devenir) ?

Mon plaisir est de pouvoir exercer mon métier tel que je l’ai imaginé, et c’est encore plus enrichissant quand on sait que cela répond à des besoins et des usagers locaux. Avec mon frère, nous avons voulu créer un lieu qui réponde à plusieurs fonctions, un espace de création avec l’espace de coworking et un espace de production avec l’atelier céramique. L’atelier est aussi pensé comme un espace de partage permettant d’accueillir des évènements pour les locaux et des cours pour pérenniser notre savoir-faire. En somme, c’est un espace de création et de production qui permet de revitaliser les échanges.

https://www.instagram.com/atelierspiernes/