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Hélène BAYARD, diplômée en 2016

 


 

Comment te définis tu en tant que designer ? Quelle est ta démarche ? Quelles finalités vises-tu ?


Ma vision en tant que designer a évolué au fil de mes études et de mes expériences. Mais ce qui reste moteur dans mon métier c’est la volonté de raconter des histoires, de reconnecter l’utilisateur à ses souvenirs.
 Cette vision m’apparait essentielle aujourd’hui, dans un contexte où nos libertés sont contraintes et où « seule » la fantaisie et l’imaginaire nous appartiennent. Alors ils nous apparaissent comme un échappatoire au réel. 

En parallèle, j’ai développé jeune une passion pour les métiers d’art. J’ai toujours eu le besoin de travailler pour quelque chose auquel je crois et de le faire au sein d’une équipe. Intégrer le secteur du luxe a été une évidence puisque j’ai ainsi pu réunir mon besoin de raconter des histoires, de créer des univers avec la valorisation des savoir faire d’excellence, d’un héritage historique. 
Confronter certaines problématiques de maisons de luxe à la réalité, comme par exemple : comment concilier respect des savoir-faire et recherche de l’innovation? En cela le design pour moi fait sens. 
Toutes ces questions de pérennisation d’une marque, d’un équilibre entre audace, et respect d’une histoire, d’un héritage, m’intéressent beaucoup et me guident dans ma démarche de designer. Le design est ici au service d’une histoire, de valeurs et de savoir-faire particuliers qu’il faut respecter.

 J’envisage le design comme un outil qui doit être au service de d’autres domaines, qui doit se confronter à des problématiques d’entreprises pour ne pas être entièrement déconnecté d’une certaine réalité. J’aime toucher à différents domaines, de l’objet au retail en passant par le packaging et le graphisme. J’utilise différents outils que j’adapte en fonction des projets, que ça soit le dessin, la 3D ou la photo.

 

Quel est ton parcours depuis ta sortie du DSAA au LAAB ?

À la suite de mon diplôme du DSAA en 2016, j’ai entrepris de passer un été à travailler au Domaine de Boisbuchet, centre de recherche en design et architecture proposant chaque été des workshops. 
J’ai ainsi pu faire la connaissance d’étudiants et de designers internationaux. Ça été comme un déclencheur pour moi, j’avais besoin de partir voir autre chose. 
Je suis donc partie vivre plus d’un an à Guadalajara au Mexique, au sein de deux studios de design d’intérieur et d’objets, Peca et Momoto où j’ai pu développer mes connaissances sur le design et les savoir-faire mexicains.
Au delà de l’expérience professionnelle enrichie, ces expériences m’ont permises de me nourrir culturellement et de développer ma capacité d’adaptation. J’ai découvert une approche du design plus spontanée et plus décomplexée ce qui fut très libérateur pour moi. J’ai du également me confronter à des questions d’entreprise en prenant en compte des besoins et enjeux réels, financiers ou techniques. Par la suite je suis revenue en France où j’ai entamé le master 2 Stratégies du design à l’Ensaama. Orienté luxe, il offre la possibilité de travailler en collaboration avec le comité Colbert (association qui regroupe les maisons de luxe françaises). Dans le cadre de ce master j’ai eu l’opportunité d’intégrer la maison Parfums Christian Dior en tant que stagiaire Assistante création packaging. Mon rôle était d’assister les designers dans la recherche, l’élaboration et la mise en forme des projets packaging. J’ai aimé la polyvalence du métier, le travail en équipe et le gout du challenge qu’il nécessite.
Diplômée, j’ai aujourd’hui intégré la cellule de création packaging de la maison BULGARI située à Neuchâtel en Suisse. Je suis en charge de coordonner la création des projets packagings et je travaille principalement en collaboration avec les équipes de développement, de marketing et les maquettistes.

 

Que retiens-tu de ta formation en DSAA (plus ou moins sérieusement) ?
Que t'a apporté le DSAA au LAAB ?


Ce que je retiens du DSAA c’est le fondement à la fois conceptuel et concret de l’enseignement. Très tourné vers l’expérimentation et la construction d’une démarche qui se doit d’être justifiée et qui fait sens. 
On nous pousse à développer un regard critique sur des problématiques contemporaines ainsi qu’à nous interroger sur notre propre pratique de designer.
L’équipe pédagogique du DSAA est jeune et dynamique mais surtout très à l’écoute de chacun. L’avantage aussi des petites classes fait que l’on crée des relations particulières. Et puis les galettes saucisses du vendredi ! Haha !

 

Quel plaisir/fierté tires-tu de ta pratique de design actuelle (ou en devenir) ?

Ma fierté aujourd’hui est d’avoir su me confronter à d’autres visions, me challenger. D’avoir su trouver ce qui me motive, de respecter mes valeurs et travailler pour quelque chose auquel je crois. De garder cette curiosité qui me pousse à remettre en question certaines logiques faciles. Pouvoir participer à la pérennisation d’une marque et à son évolution me rend fier.

Il y a beaucoup de définitions du design, moi j’ai trouvé la mienne.